TRAIL DE VULCAIN épisode III – Encore plus fort…
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas forcément, il en est de même pour les trails, et le trail de Vulcain n’a pas échappé à cette règle. Les deux dernières éditions se sont déroulées dans des conditions particulièrement favorables voire idylliques compte tenu de ce que nous a réservé l’édition 2009 avec les intempéries qui ont duré pendant une bonne partie du début de l’hiver.
Au fond de moi, je me disais, ça serait bien finalement qu’il y ait de la neige et j’y allais un peu avec cette idée en tête, voir le Puy de Dôme tout blanc…mais je ne m’imaginais pas à quel point j’allais vivre le trail finalement le plus dur que je n’ai jamais fait…
Voici l’histoire du « Holiday on ice and boue hivernal trail »
Samedi matin 28 février, rendez vous est donné aux copains de St Cyr, pour embarquer à 9H00, direction Voisins où nous rejoignons la deuxième partie du groupe d’autres copains du club, mais aussi de l’ASAF (voir édition 2008) et de l’association Dunes d’espoir. L’omnibus se met en route pour prendre au passage aux Ulis, puis à Limours et ensuite sur l’autoroute A71 les derniers guerriers de l’aventure. Nous sommes enfin au complet et pouvons aller sur Volvic. Timing respecté, il fait beau, pas d’anicroches, tout s’annonce bien. Petite halte sur l’autoroute pour le casse croûte vers 12h30 comme prévu. Après 1h environ nous reprenons la route. A discuter le temps passe vite et nous apercevons enfin le Puy de Dôme, ça y est ça fleure bon l’escapade. Nous arrivons sur Volvic vers 15h30.
Accueil courtois à l’hôtel où nous déposons nos petites affaires avant d’aller chercher les dossards. Mais avant cela nous nous posons un peu pour regarder passer les 1ères concurrentes du trail de Vénus (voir édition 2008) qui descendaient vers l’arrivée.
L’accueil est toujours aussi chaleureux aux dossards, où nous ne manquons pas de taper la discute avec les bénévoles, et recevoir même quelques infos sur les petites modifications de parcours, que je n’arrive pas à bien comprendre de toute façon sur la carte topo pourtant affichée. Verra bien demain. Ce qui me préoccupe le plus est de savoir quelle météo il fera et manifestement ce n’est pas celle annoncée à la télé la veille, de la pluie est annoncée en fin d’après-midi mais normalement pas de problème. Bon verra bien aussi demain.
Notre ami Fred, le GO, emmène les « nouveaux » faire la traditionnelle visite de l’épicerie de mamie Marie, qui nous offre quelques bonbons. Direction ensuite l’hôtel pour un petit repos avant d’aller dîner.
La tablée des 20 convives se remplit peu à peu, la table ne fait pas moins que le double de l’année dernière, qu’est ce que ce sera en 2010 ! C’est l’occasion de faire connaissance et d’échanger sur nos expériences, sans oublier naturellement de parler du lendemain, de raconter quelques blagues pour se détendre un peu. Menu sportif pour tout le monde, crudités ou soupe, émincé de dinde pâtes ou riz, avec ou sans crème, fromage et la fameuse tarte aux myrtilles pour conclure, sauf pour notre pépère Denis qui a le droit comme chaque année maintenant, à son petit dessert amélioré à l’occasion de son anniversaire, l’ami Fred a même pensé en plus des bougies, à apporter des brindilles scintillantes, c’est joli mais qu’est ce ça sent mauvais…Denis est ému, non pas par l’odeur mais par la surprise. Ah oui j’oubliais, comme tout bon sportif nous avons cédé à la sacro sainte « binouz » en guise d’apéro.
Le repas s’achève et tout le monde regagne sa chambre, il ne s’agit pas de se coucher trop tard compte tenu de ce qui nous attend demain, ou plutôt on ne sait pas…
Mais un anniversaire sans champagne ce n’est pas un anniversaire, aussi, surprise supplémentaire est le traditionnel verre de l’amitié dans la chambre de Denis qui est aussi la mienne en passant. Franches rigolades, gonflage de ballons, la nuit s’annonçait bien surtout que nous n’avions qu’un seul grand lit pour Denis et moi !!!! Par pudeur je ne raconterais pas la nuit. On a toutefois très bien dormi, sauf un réveil très matinal vers 4h30 par quelques joyeux lurons qui avaient déjà du arroser leur victoire du lendemain et qui déambulaient dans la rue.
6h30 enfin oserais je dire, debout, on s’habille pour le petit déjeuner sur lequel je ne m’éternise pas pour être à l’heure pour partir de l’hôtel, car nous avancerons les voitures jusqu’au grand parking aménagé non loin du départ et si on veut avoir de la place…
Les chambres ayant été réglées la veille au soir, il n’y a plus qu’à peaufiner les derniers préparatifs du sac, et résoudre toujours cette même question en regardant le ciel, mais comment je m’habille ? Le ciel est gris, il fait un peu frais mais c’est supportable. Conditions idéales pour courir du moins celles là. J’opte pour 2 couches plus la Gore Tex, et la suite confirmera que j’ai bien fait.
Nous nous regroupons à l’accueil et nous partons. Il ne s’agirait pas de trop traîner car j’ai les dossards de nos amies Fati et sa sœur qu’il faut retrouver. Le parking est loin d’être encore rempli et c’est du bonheur quand tout se déroule facilement, et quelques minutes à peine après, nous retrouvons Fati. La tension commence à se faire sentir, on blague pour détendre l’atmosphère et comme il fait un peu frais, nous allons dans le gymnase en attendant l’heure fatidique.
Petite aparté, si vous voulez rencontrer des gens que vous connaissez c’est à Volvic qu’il faut aller (en plus ça rime). En effet, certains de nos amis (es) ont passé leur temps à dire bonjour à plein de gens, venus aussi courir bien évidemment. Au moins cela a fait passé le temps.
8h15, allez hop direction le contrôle des sacs, obligatoire, pour aller tâter du Puy. L’inspection est assez rapide bien que 654 athlètes se soient inscrits, l’organisation a mis en place plusieurs « inspecteurs ». Très bien. Et la tension qui monte encore d’un cran. Il est temps maintenant de faire les traditionnelles photos d’avant course parce qu’après…suivies de quelques blagues pour se décontracter. Ensuite briefing. Bon ça s’annonce plutôt hard, vu qu’il reste pas mal de verglas dans les chemins, l’attention est de mise, jusqu’à mettre en place à un endroit un peu délicat, une corde. Nous comprendrons très vite pourquoi.
On se tape dans les mains, on s’embrasse comme si on se disait adieu…mais dans quoi on s’est embarqué cette année. Ah on l’a voulu. Mon pépère Denis reste mesuré sur sa décision de partir ou non sur le 58, tant que le contact avec le terrain ne sera pas pris.
8h30 c’est parti. Et la foule des valeureux s’élance sagement sans aucune bousculade, esprit convivial, voire bon enfant.
Comme je n’aime pas les départs en groupe, je me « sauve » quasiment tout de suite et n’attends pas mes compères, Denis et Fred (J). L’allure n’est pas rapide et c’est tant mieux, car il ne s’agit pas de griller les cartouches. Nous passons le petit raidillon du centre ville non loin de l’hôtel, ça monte, ça marche et ça repart tout doux. J’essaie de remonter petit à petit sans me mettre dans le rouge car je n’en suis qu’à l’échauffement, il faut attendre patiemment de passer devant l’ancienne usine de Volvic qui signale bientôt l’arrivée dans le 1er chemin et le vrai début de l’aventure.
Nous arrivons à la barrière, ça monte toujours, les repères de l’année dernière reviennent peu à peu. J’ai le sentiment que ça « tourne » mieux aussi que l’an passé. Sensation que je vais garder un bon bout de temps. Nous parcourons les 1ers chemins à cailloux, où Denis avait commencé à pousser des jurons en 2007. Il reste encore quelques Km avant d’arriver au 1er Puy celui de la Nugère.
Ouf le tracé est le même, sauf que, petit détail en passant, la terre est gelée partout, nous traversons nos 1ères plaques de glace, ouhaou, bon ça promet et nous n’en sommes qu’à 6 km.
Vient ensuite le cordon en file indienne qui courageusement grimpe en s’accrochant à ce qu’il peut pour ne pas glisser. Même là où il semble y avoir de la terre retournée, ça glisse. Des plus hardis munis de bâtons tentent le hors piste avec plus ou moins de succès.
Enfin le sommet et la 1ère petite descente par un petit chemin serpentant entre les arbres.
Je suis plutôt content, pour l’instant, car j’ai l’impression que tout se passe mieux. Allez on relance car il ne s’agirait pas de louper la barrière horaire, et vu le climat…et les pièges. Le passage de la Nugère se termine par une belle descente que je prends à allure modérée car on s’en douterait ça glisse. Nous arrivons à la route signe que nous nous lançons à la poursuite du Puy de la Louchadière.
L’accès à ce puy a été modifié, et je trouve que cela est plutôt réussi pour ma part, car l’ascension s’en trouve moins raide, plus en douceur enfin si je puis dire, sauf que nous passons par un dévers où se trouve la corde annoncée au briefing. Bien vu en tout cas par l’organisateur car il était indispensable de s’y accrocher si on ne voulait pas tomber, bien que pour certains la glissade n’a pu être évitée, le tout alors étant de ne pas la lâcher. Mais en marchant sur des œufs, tranquille, l’air de rien ça s’est plutôt bien passé. Ouf. Enfin pas pour tout le monde car je crois savoir qu’il y a quand même eu du dégât. Je réalise que le contrôle de passage n’était pas là, et en discutant avec un gars, le CP a été déplacé au km19.
Deux, trois belles petites marches pour sortir de cet enfer et nous voilà partis pour rejoindre du plat, vers le 1er ravito, mais aussi la 1ère délivrance celle du point de la barrière horaire.
J’éprouve déjà une certaine satisfaction car, bien qu’un peu fatigué tout de même après cette tension nerveuse, je me trouve en meilleur forme que l’année dernière au même endroit. Aucune douleur dans les jambes, c’est bon signe, par contre faute d’entraînements, le souffle manque un peu.
Le moral est bon car cela fait environ 2h10 que je coure et je sens le ravito arriver. Une image aussi me réconforte est qu’au détour d’un des grands chemins que nous empruntons nous apercevons au loin le majestueux Puy de Dôme, et je ne peux que penser « attend mon grand j’arrive ». Comme je suis large au niveau temps et pour récupérer avant ce qu’il m’attend je marche d’une allure soutenue tout de même dans les faux plats, et soudain j’entends de la musique ou plutôt du bruit. Je me dis, chouette il y a de l’animation au ravito. Que non c’était tout simplement une bande de jeunes qui s’étaient installés dans un champ au bord du chemin pour une mini rave party. A la vue de leur tête, je me suis dit qu’ils n’avaient pas tout à fait le même ravitaillement que nous !!! Bref, ceci dit ils nous ont encouragé et ils n’étaient pas bien méchants. Par contre j’ai senti dans l’atmosphère comme un relent d’un breuvage à base de raisin mais pas de jus de fruits.
Je discute de temps en temps avec un compagnon de quelques instants. Je reconnais bien le tracé et je sais que, sauf imprévu, je serais dans les temps. Effectivement après la traversée toujours un peu hasardeuse de l’espace en herbe, nous arrivons enfin au ravito. 2H25 de course, « yes » 1er challenge réussi. Ça c’est fait, j’ai peut-être un peu forcé mais cela laisse de la marge pour la suite enfin que je crois…
Après quelques collations solides et liquides, et papotages avec les bénévoles et d’autres concurrents, je vois arriver Michel, on discute, il a l’air de souffrir car en sérieux manque d’entraînement. Il me propose de repartir avec lui sur le 58 mais je le laisse partir devant car il me paraît bien plus frais que moi et je ne voudrais pas le retarder.
Ensuite je vois arriver Jean-Louis qui m’a l’air bien fatigué. Mince pour son 1er trail ça ne semble pas simple. Heureusement qu’il ne fait que le 35. Il se ravitaille et récupère un peu. Déjà 10 min que je suis là, s’agirait pas de s’endormir la route est encore longue. Je ne vois pas arriver ni Fred (J) ni François, Denis doit être bien loin, et j’ai une pensée aussi pour Fati et sa sœur.
Je me dirige vers le commissaire pour être pointé et je repars. Paradoxalement je me sens mieux que l’an passé au même endroit malgré les conditions plus difficiles. Je suis serein et je repars en courant doucement, toujours pas de douleurs aux jambes, c’est plutôt bon signe. Je reconnais le chemin de sous bois avec les pins et les bonnes senteurs. C’est calme, reposant, mais la fraîcheur se fait sentir, certainement du à mon arrêt un peu prolongé.
Le tracé a changé car nous n’emprunterons pas l’escalier en bois pour grimper au sommet du Puy de Dôme, donc nous contournons d’une autre manière avec quelques petites variantes mais en passant tout de même à certains endroits que je reconnais. J’ai appris aussi, ce qui explique cela, que l’organisateur n’avait pas eu toutes les autorisations de traverser certains domaines car certains Puys sont propriété privée chose que je ne me doutais même pas. Ceci dit les changements apportés sont sympa et apportent un peu de nouveauté.
Nous coupons à travers champs, nous passons des clôtures, quelques endroits à découvert et déneigés. Nous traversons une autre route avant d’aborder le chemin qui va nous mener au pied de l’objectif. Il est là comme s’il nous regardait, on a l’impression de tourner autour sans réellement l’approcher. Une halte photo pour mémoriser l’instant, même si dans la tête bon nombre de clichés sont déjà gravés. Un autre concurrent s’arrête et me demande s’il peut me prendre en photo. Sympa.
Il n’est pas rare sur ce genre de courses de rencontrer une telle convivialité. Une pensée aussi aux signaleurs perdus dans un champ pour nous aiguiller sur le bon chemin et qui malgré le froid gardent le sourire.
Je reconnais le chemin qui amène tout près de l’ascension sauf qu’à un moment nous dévions par un chemin qui nous emmène tout droit sur la route bitumée pour le début de la grimpette. La route est sèche pas une miette de neige ni de verglas hormis sur les bas côtés, ça y est enfin on approche. Il faut tout de même se « coltiner » plus d’ 1km500 de route. Seulement la surprise dont je ne me doutais pas allait arriver bientôt. Je grimpe tête baissée, c’est dur, c’est long. J’avoue que le bitume est supportable dans ces conditions mais j’allais très vite déchanter…
En effet, à mi hauteur je situerais, nous arrivons au point de bifurcation où se trouvent des signaleurs. 1ère surprise, mais celle ci est agréable est que je vois redescendre mon ami Fred dit le « Yeti ». Il tente de me réconforter en me disant que la descente serait beaucoup plus facile, oui mais plus facile que quoi ? après une accolade, je me dirige vers le sentier et là stupeur, pour ne pas prendre les escaliers verglacés, on nous fait prendre le chemin des muletiers. Mouais. Le ton est donné c’est verglas sur toute la montée. Il fait gris, la fatigue commence à se faire bien sentir, mais je ne suis pas arrivé jusqu’ici pour ne pas continuer. Ce qui m’a encouragé, sont plusieurs choses. Le fait de ne pas être seul dans cette galère car des concurrents plus en forme que moi m’ont rattrapé ; ensuite le soleil qui a quand même pointé quelques rayons ; le spectacle offert par les paysages que l’ont pouvaient admirer sur la vallée où on voyait très nettement la chaîne du Sancy enneigée, un vrai régal, en plus j’avais le temps vu l’allure à laquelle je me traînais ; un groupe de gens en ballade dans le coin, venus en famille pour se promener, on a bien discuté et surtout bien rigolé, et quand j’ai dit que je venais des Yvelines, alors là chapeau, venir d’aussi loin, oui parce qu’il n’y a pas ça chez nous.
Moment de détente qui m’a redonné un tant soit peu un coup de fouet, car je n’étais pas au bout de mes peines. C’est dur, il faut chercher sans arrêt le peu d’endroit où la glace a fondu, en plus par moment j’avais l’impression de reculer. La pente est vraiment horrible, il faut être une mule pour pouvoir s’en sortir !
Si mes souvenirs sont bons , j’ai du mettre 1h30 pour arriver à la route d’accès et 50 min pour arriver en haut au 2ème contrôle de passage. Quel soulagement. Mais aussi quel froid, le soleil s’est caché, il y a du vent, et les 2 signaleurs tiennent bons, car entre nous, ce ne sont pas forcément nous les plus mal lotis. Petite pause photo. Un autre concurrent me demande de sortir son appareil de son sac et du coup me demande de poser avec lui. Je fais de même. Et avant que le froid ne reprenne le dessus, je repars en courant. Toujours pas de douleurs aux jambes, quel autre bonheur. Et dire que l’année dernière à cet endroit je souffrais d’un genou et je ne pouvais pratiquement plus courir. La seule petite déception je dirais est que nous n’avons pas fait le tour complet du sommet mais sommes redescendu quasiment de suite par la même route qui a servi à l’aller.
Ça descend tout seul oserais je dire mais ça tape, vu le pente et je n’aime pas trop ça, car par habitude les douleurs aux genoux viennent après. On doit bien faire 1km ou 2, je ne sais pas avant de revenir à la bifurcation où ce coup ci nous prendrons le chemin de l’année dernière qui nous mènera au 2ème ravito. Chose qui me rend perplexe, est que je vois un signaleur défaire la rubalise à l’entrée du chemin des muletiers…ce qui veut dire qu’il n’y a plus personne après nous, mais je ne sais dire combien on peut être. Bon, ça m’incite à ne pas m’endormir car la prochaine étape est d’arriver à l’heure à la seconde barrière horaire, nouveauté 2009. Retour sur des chemins enneigés et glissants, la routine quoi.
Puis à peine 2 km plus loin, j’allais pouvoir me restaurer. Du salé surtout avec du fromage, du pain et du café bien chaud. Que c’est bon. Les jambes commencent à tirer un peu mais rien d’alarmant. On papote, je retrouve certains compagnons de route. L’un deux me raconte que les chaînes sont vraiment efficaces et qu’il a l’impression de courir sur du sec. Bon.
Je regarde l’heure et fait un bref point, je suis encore lucide, il reste 7 km à faire en 1h10 pour espérer ne pas être stoppé au km42. Mouais s’agit pas de traîner, bien que je me satisfait d’avoir fait dans les conditions que l’on vient de courir, les 35ers km en 5h30.
Je remarque avant de repartir qu’un gars que je suppose de l’organisation, nous suit depuis un certain temps en VTT. Bigre, doit avoir des clous à ses pneus. Et ne serait il pas le vélo balai ?
Bon allez, assez cogité, faut que tu te mettes à courir mon gars. Et là je vais vivre un moment d’une certaine angoisse. Sachant par où nous allions passé du moins dans les grandes lignes, le challenge, le vrai, finalement allait peut-être commencé. Nous contournons le Puy par l’autre côté dans la région où la végétation est très différente voire désertique. De l’herbe rase, décor un peu triste et agréable à courir à la fois. Nous croisons encore un signaleur en plein courant d’air. Et là, beauté du site avec cette autre vue du Puy qui semble encore plus dominer la vallée. Le chemin en terre noire est très souple, très peu large, avec de petites ornières. J’ai l’impression d’aller nulle part car on contourne tout en montant légèrement une grande colline. Je reconnais l’endroit car c’est là que se trouve la grotte du Yeti, hein Fred ! Mais cette année non plus pas de Yeti, m’aurais tu raconter des mensonges…ensuite nous entreprenons une très longue descente toujours sur un champ en herbe très bosselé, plein de cailloux, de terre gelée et d’autres pièges, comme dirait l’autre c’est vraiment casse g….e ! Petite halte photo, eau et grignotage. Dur de boire de l’eau gelée depuis le début de la course mais bon il le faut.
La montre trotte dans la tête, et je commence à baisser de moral. Je me dis même que, à ma montre si je ne suis pas arrivé au bout des 6h40 de course comme prévu, au km42, c’est fichu et je lève le pied pour finir en marchant, à quoi bon aller se planter. Mais je ne me connais pas bien ou alors trop, ou alors inconsciemment je refuse quelque part ce que je considérerais comme une défaite, et je continue mon rythme, je cours quand c’est plat ou que ça descend et quand ça monte je marche à allure soutenue. Le souffle manque mais je tiens bon, et toujours pas de douleurs aiguës aux genoux. Et dire que c’était un peu ma hantise avant de prendre le départ.
La chance quelque part est aussi avec moi car le tracé finalement est moins dur dans cette portion que je n’aurais pensé. Il y a même à un moment un passage marrant, sous la forme d’un chemin étroit en descente avec les bords relevés, bien enneigé et glacé, rien de nouveau, qui me faisait penser à une mini piste de bobsleigh, si si je vous assure. Ce fût un vrai régal d’y aller pratiquement en glissade tout du long, grâce à cela j’ai du considérablement augmenté ma moyenne !
La montre toujours la montre ça en devient une vraie obsession, jusqu’au moment où au loin j’entends des voitures donc signe que je ne suis plus très loin du point fatidique. Oui mais encore combien de Km…je ne suis plus seul depuis quelque temps car j’ai réussi tant bien que mal à remonter sur un couple, franchement ça aide. Les derniers kms qui nous séparent du ravito sont interminables, j’en suis à 6h25 de course. Je ne prends plus le temps de savourer la nature environnante mon seul but est d’arriver à temps. 6h25, nous croisons un signaleur qui nous annonce 500m. Je reconnais le secteur et la partie en herbe bosselée par laquelle on arrive au début, ouf ça sent bon l’écurie, et je sais que je peux relâcher le mouvement. Ça y est 6h35 de course et me voilà au 2ème CP dans les temps, c’était juste. Je savoure pleinement les bienfaits du ravito d’une part et je me décontracte aussi. Je reprends un café, eau pétillante et du solide. Bonne nouvelle, surtout pour les suivants, est qu’en discutant avec l’un des bénévoles, nous apprenons que l’organisation vient d’appeler pour élargir de 15 à 20 mn la barrière horaire. Si j’avais su me dis je en moi-même. Pourtant sur le chemin, j’y ai bien pensé. Ils peuvent pas nous faire ça, se faire recaler pour 5 min après toute cette souffrance, ça serait bien qu’ils allongent le temps, j’aurais été presque près à négocier si j’avais été hors temps de quelques minutes. Et du coup pas la peine.
Avant de repartir je vois arriver ou il était déjà là, un gars qui connaît bien Eric, avec un accent, ils se sont rencontrés sur l’édition de 2005…j’ai fait un bout du parcours avec lui avant l’arrivée sur le Puy, on a bien discuté et il garde un bon souvenir de toi.
Enfin la phase finale mais non des moindres, le retour au bercail. 16km avec l’appréhension de ce qui peut m’attendre au retour. Je m’en doute un peu car nous allons reprendre en sens inverse la toute 1ère partie du début. De plus la pluie nous accompagne depuis quelque temps. Ceci dit c’est clair dans ma tête, pour être sur d’arriver au bout il faut que je les fasse en marchant. Je sais aussi qu’en faisant cela j’en ai au minimum pour 3h00.
Bon je m’accroche et me dit qu’il faut ne pas traîner si je veux rentrer avant la nuit, j’aurais pas l’air fin sans frontale !
Ce coup ci la fatigue se fait sentir surtout par le manque de souffle, les jambes répondent encore bien heureusement. Je fais un bout de chemin avec le copain d’Eric avant que je ne le distance un peu, je ne veux pas baisser l’allure, d’une part pour ne pas avoir froid et d’autre part garder ce rythme le plus longtemps possible m’aide pour le moral.
C’est là que l’on traverse de longs moments de solitude, mais que j’apprécie beaucoup. La nature est calme et reposante. Je parle pour ne pas me sentir seul. Mais je fais attention car la glace eh oui est toujours là. Patinoire encore et toujours, c’est Holiday on Ice que je vous dis, mais aussi Holiday on boue. Moi qui adore ce genre de terrain je suis servi. Les chemins sont longs et paraissent interminables, mais il faut soutenir l’attention toujours et encore pour ne pas chuter. Chose que j’aurais faite quand même par deux fois sans gravité. Tiens j’entends parler, des concurrents me doublent mais je n’essaierais pas de les suivre. Je sais qu’il va falloir encore grimper au moins deux fois, le Puy de la chopine je crois me rappeler ou celui des gouttes, et surtout après reprendre à l’envers celui de la Nugère. Brrr, j’en ai des frissons rien qu’à l’idée de grimper encore et encore au ralenti tellement ça glisse malgré la terre. Après je ne sais plus trop ce qui se passe. Sauf en arrivant à un panneau indiquant Volvic 11.5 km, une paille ! il commence à être tard, mais les jambes tiennent.
Je croise quelques promeneurs dont certains me demandent d’où je viens. Et dire qu’ils se promènent !
Le déclin commence à arriver. A peu près à 2 ou 3 km de la Nugère, certainement par épuisement je commence à avoir des nausées. Mince. Bon je m’accroche. Il faut dire que je n’ai plus rien avalé depuis quelques kms. Est ce du à cela ? je ne suis plus qu’à 5 km du dernier puy et les jambes commencent à tirailler. Enfin la route qui annonce la dernière montée. Je stoppe mon avancée car je ne me sens vraiment pas bien. Une dame vient au devant de moi pour me proposer des bouts de gâteaux, euh non merci, ça serait dommage de les recracher lui dis je. Je m’arrête de nouveau au pied de la colline pour faire des étirements. Une dame me double semblant encore vaillante elle.
Allez petit bonhomme plus que 6 kms et c’est la douche, les copains et la soupe ! bonsoir que c’est raide, marcher plus lentement tu ne peux pas ou alors tu recules. J’aurais presque eu le temps de les compter les pas. Ça y est j’y suis mais ce n’est que la 1ère partie, ça remonte encore après. Ce coup ci ça y est les jambes aussi n’en peuvent plus et je suis obligé de m’arrêter en cours d’ascension. j’ai l’impression que les kms défilent au compte goutte.
Finalement la montée c’est du bonheur à côté de la descente qui m’attend. Alors là je suis loin de me régaler avec une piste de descente mais plutôt une piste de slalom où il tient de l’exploit de ne pas faire de dérapages intempestifs et surtout incontrôlables, et arriver à éviter les arbres. Avec tous les coureurs passés avant c’est par endroit bien labouré mais c’est surtout encore très gelé. Petite séquence d’émotions en faisant presque nez à nez avec un arbre. Oups pas passé loin. Je tente le hors piste dans les feuilles, mais ce n’est pas mieux. Je m’accroche à tout ce que je peux et arrive entier en bas. Ouf. Par contre la dame qui m’a doublé à eu moins de chance car elle a un peu sous estimé une belle plaque bien glissante et a chuté 2 fois coup sur coup. Bigre je l’ai aidé à se relever et elle est repartie comme si de rien n’était en courant ! ! !
Enfin sorti de cet enfer pour revenir en terrain « tranquille » et surtout en descente. Je retrouve mes repères mais malgré cela c’est long très long. J’enchaîne dans ma tête la succession de chemins qui vont se présenter, les jambes sont douloureuses mais ça va.
J’arrive ensuite tant bien que mal à rattraper un petit groupe de jeunots dont l’un d’entre eux est en difficulté aussi, et c’est non loin d’eux que je terminerais l’aventure.
J’arrive enfin dans le chemin qui mène à la barrière synonyme de retour en ville. Et agréable surprise je vois Gérard, de Dunes, qui est venu au devant de moi. Il a bien du faire 2 ou 3 km. Il semblait ne pas être fatigué, et m’a dit qu’il était allé aux devant des dames et qu’il n’avait fait que le 35. Ça m’ a remonté le moral mais ce n’est pas pour autant, bien que Gérard me l’ai suggéré, que je me suis mis à recourir pour terminer. Non le bonhomme n’en pouvait plus. Et puis c’était sympa du coup de terminer comme cela à discuter. Ça tombe bien on n’avait pas eu trop le temps avant.
Nous repassons devant l’usine, rentrons dans la ville, arrivons à la fontaine, et pointons sur l’avenue qui mène à l’arrivée où m’attendais quelques uns de mes acolytes qui étaient douchés, bien propre eux, ils m’ont encouragé, pris en photo et j’ai quand même parcouru les quelques derniers mètres jusqu’à l’arche en courant.
9h49 temps officiel et une satisfaction grandiose d’avoir réussi ce que je considère comme un exploit. Je demande à mes copains de galère de m’excuser pour les avoir mis en retard pour rentrer, de toute façon ils n’avaient pas le choix c’est avec ma voiture qu’ils rentraient.
Ce trail est vraiment magique, tant de sensations très diverses sont à ressentir, et la beauté des paysages aperçus que ce soit en haut des puys ou bien même dans les chemins suffisent à faire oublier très vite les douleurs qu’il faut supporter pour accomplir une telle épreuve.
Je m’attendais à du costaud mais à ce point…je crois sincèrement à mon niveau bien entendu, que l’on peut être fiers d’avoir participé à cette édition 2009 et on pourra dire « on y était » et le mot finisseur prend un tout autre sens.
Bien sûr le bonheur que dégage cette réussite personnelle n’aurait pu être sans tout ce qui a été nécessaire pour son bon déroulement, à commencer par l’organisation sans faille, rien à redire sur le balisage, les signaleurs, l’accueil des bénévoles, la remise des dossards, la souplesse au niveau des inscriptions, n’est ce pas Fati, n’est ce pas Xavier, les douches et le repas d’après, sous le chapiteau afin de repartir en forme. L’accueil des gens de la ville, à l’hôtel, à l’épicerie.
Je n’oublierais pas non plus la bande de copains et amies, et le seul regret est de ne pas avoir eu la présence de certains. La richesse aussi des rencontres de nouveaux amis animés par la même passion.
Cet épisode va encore faire parler de lui longtemps et restera gravé aussi dans ma mémoire.
Merci à Fred alias « Yeti » pour la préparation de ce beau voyage organisée aux petits oignons avec la rigueur, la gentillesse et l’humour qu’on te connaît,
Merci à Eric d’avoir été avec nous, que l’on n’a toujours pas beaucoup entendu, mais c’est Eric
Merci à mon Pépère qui avait bien tenté de se lancer sur le 58 et qui a du stoppé à la barrière horaire du km19, t’inquiètes mon copain tu y arriveras, et merci aussi d’avoir partagé le lit…
Merci à François de nous avoir fais confiance bien que toi aussi tu a du t’arrêter avant la fin, mais tu as accompli le plus dur en allant jeter un œil là haut.
Merci à Fred (J) mon Frédo, également pour nous avoir suivi et j’espère que tu t’es bien éclaté
Merci à Fati et à Anne-Marie pour leur 1er 35 km, de plus au Vulcain, et leur sourire.
Merci à Xavier d’avoir pu échangé et se connaître un peu mieux mais je te rassure je ne parlerais pas de la licence « spéciale » qui t’as valu d’être inscrit bien que ce soit complet…
Merci à Gérard mon sauveur de moral, on a fait un peu connaissance et je n’ai qu’une hâte est de te revoir sur une prochaine course.
Merci à Michel pour les quelques moments passés ensemble à table, au ravito et …dans les douches.
Merci aux autres amis et amies de l’ASAF et de Dunes qui ont répondu présents à l’appel de Fred avec qui je n’ai pas beaucoup parlé, une prochaine sans doute.
Merci à Pilou pour son récit et ses photos sur son blog, super sympa.
Merci aux volcans de m’avoir encore une fois donner des frissons, fait souffrir mais c’est le prix qu’il faut payer pour obtenir ce bonheur.
TrailVulcain2009-Copir@ïte – Neutron2009